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T'as un cheval de sport ou de loisir ?

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023

Combien de fois ai-je entendu cette question ? Déjà, quand j'étais haute comme trois pommes et que je montais en poney-club, j'entendais les filles débattre longuement sur la supériorité absolue des chevaux de sport. Pour avoir la classe, il fallait en avoir un.


Partout, on faisait cette distinction : dans les magasine, les bandes-dessinées et les séries TV, pour les gammes d'aliments et de compléments alimentaires pour chevaux, dans les élevages et même à la FFE. Et si la FFE les distingue en deux catégories, c'est donc que ça doit être très différent...


Même dans les yeux des gens, je voyais bien les stéréotypes défiler au fur-et-à-mesure des conversations, ces derniers étant façonnés par les images véhiculées par les médias à ce sujet : le cheval de sport étant représenté comme beau, élancé et sauteur hors-pair, alors que le cheval de loisir présente un léger embonpoint, des crins en vrac et a le droit à une photo de lui broutant de l'herbe dans un pré.


Pourtant, je n'ai jamais compris cette envie viscérale qu'ont les européens de classer nos compagnons à sabot dans une case...


Que disent les définitions ?


Pour me pencher sur cette question, j'ai voulu ire que ce me disait mon ami Wiki à ce sujet :


« Un cheval de sport, est un cheval de selle élevé et sélectionné pour la pratique des sports équestres. »


« Un cheval de loisir est destiné à l'équitation de loisir, et notamment à la randonnée pour les particuliers. Difficile à définir, c'est avant tout un animal doté de qualités particulières, plutôt qu'une race précise. »


Quésaco ?


Un cheval de sport est élevé et sélectionné pour les sports équestres et le cheval de loisir pour la randonnée et ses qualités particulières...donc en fait, ça revient au même non ? A moins que sa qualité particulière de sélection soit basée sur la vitesse à laquelle il gobe les carottes....ce qui me semble peu-probable.


Ou se trouve la frontière entre sport et loisir ? N'est-ce pas relié ? Toutes les sélections ne sont-elles pas basées sur les qualités particulières d'un individu ?

Au regard de ces définitions, je me verrais mal demander à un gaucho argentin ou un cow-boy des plaines de l'Alberta si ils ont plutôt un cheval de port ou de loisir...


Leurs chevaux sont issus d'une sélection rigoureuse pour le travail, ils sont bien plus « sportifs » et polyvalents que 99% de nos chevaux, mais ils travaillent en extérieur, soit, ce que l'on considérerait comme de la randonnée.


Et dans ma pratique ?


Quand je vais voir un cheval et que je demande à son humain de me décrire son travail, j'ai souvent ces deux ce genre de phrase qui ressortent :

« J'ai un cheval de sport, il est monté 4 fois par semaine : on saute deux fois en cours collectif et on fait deux séances sur le plat. »
« Moi, j'ai un cheval de loisir. Il est monté 4 fois par semaine : trois bonnes balades voir trotting, et une grosse randonnée tous les week-end. » (petite précision, on est dans le Jura, en montagne, lieu ou le concept de "plat" n'existe pas)

Dans ma tête voila ce qu'il ce passe :


Cheval A : 4 séances de bac-à-sable d'environ 45min-1h, sur du terrain plat et facile, parfois agrémenté de sauts, allures variées.


Cheval B : 3 séances de tout terrain d'au moins 1h, sur du terrain varié, beaucoup de grimpette et parfois agrémenté d'obstacles divers, ainsi qu'une randonnée d'au moins 4h sur du tout terrain.


Je te pose maintenant la question à toi, mon cher lecteur...qui dois-je considérer comme le cheval dit « de sport » parmi ces deux profils ?


Ma vision des choses :


Depuis quand sommes-nous devenus assez éloigné de la nature pour classer une âme, notre partenaire de loisir, notre compagnon de vie, dans une case ? N'existe-t-il pas un rapport plus spirituel et primitif au cheval, dans lequel il est notre guide et nous sommes son gardien ?


Pourquoi est-il devenu normal dans la pensée collective de considérer un type d'équidé en dessous d'un autre ? Le cheval n'est-il pas la pour nous apprendre à ÊTRE, sans égo et sans jugement ?


A mes yeux, que ce soient ceux de propriétaire, de naturopathe animalier ou d'amoureuse des animaux, les chevaux sont des âmes libres. Ils croisent notre chemin pour nous faire évoluer, pour nous remettre en question, pour nous bousculer dans nos limites. Ils nous accompagnent dans la vie avec bienveillance pour nous faire devenir meilleurs, plus humbles et plus doux. Ils sont nos passerelles vers une nature sauvage et oubliée.

Ma jument Kywanne m'a tout appris : elle m'a fait oublier mon égo, elle m'a permis de rencontrer des amis incroyables, elle a toujours été la durant les périodes difficiles de mon adolescence, elle m'a fait découvrir une nouvelle profession, elle m'a permis de trouver l'amour, elle m'a fait voyager aux quatre coins de la France, elle a été ma meilleure amie pendant les 9 magnifiques années ou elle a partagé ma vie, avant de rejoindre l'immensité du ciel.


Du point de vue équestre nous nous sommes connues en tenue de dressage et avons terminé notre chemin ensemble avec des bottes et un chapeau western. Elle m'a emmené du terrain de TREC au travail de bétail, du snaffle-bit à la liberté, des plages normandes à la haute-montagne, et j'en passe...


Comment pourrais-je la faire entrer dans une case ? N'est-elle pas la définition même de l'amitié ?


Petite conclusion :


Comme tu l'auras probablement compris, je ne suis absolument pas adhérente de cette utilisation de cases pour classer nos chevaux. Pour moi, tout cheval monté est un cheval de sport, et tout cheval de sport et notre compagnon de loisir...


Je dirais même plus : pour avoir côtoyé des cow-boys aux chevaux absolument incroyables, je suis convaincue que ce n'est pas un « cheval de sport » qui fera de nous un champion du bac-à-sable, mais notre travail du cheval et notre remise en question qui nous fera gagner.


Ne l'oublions pas, c'est nous qui entrainons notre cheval, sa génétique n'est qu'un plus...il n'y a qu'à comparer le nombre de poulains engendrés par des champions qui le sont aussi devenus, et les autres...


Ne devrions-nous pas investir notre temps et notre argent à aimer notre cheval et à progresser avec lui (car être un meilleur homme de cheval et cavalier, c'est lui rendre service), plutôt que de dépenser la même somme et énergie à acheter des papiers parfaits sans jamais remettre en question notre propre capacité à monter à cheval ?

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