Allez, hop, encore une fois on va casser une idée-reçue qui a la vie (très !) dure.
Dans la plupart des articles sur la "vermifugation naturelle" des chevaux ainsi que dans les produits vendus comme tel, on retrouve de l'ail pour ses vertus anti-parasitaires. Mais qu'en est-il réellement ?
Une étude s'est justement penchée sur la question.
Le constat de base est que les strongles sont les parasites les plus communs chez les chevaux, mais ce sont aussi ceux qui ont développé de plus de résistances aux substances chimiques sensées les tuer (souvent à cause d'un mauvais protocole de vermifuge), causant une baisse d'efficacité de plusieurs vermifuges. A l'heure actuelle, il existe donc un interêt croissant pour les stratégies de contrôle de ces parasites via les plantes médicinales.
Des chercheurs ont voulu déterminer l'efficacité in vivo de l'ail (Allium sativum) chez des chevaux infestés de strongles.
L'essai a été mené dans un élevage de trotteurs du sud de l'Italie dans lequel les chevaux n'avaient pas été vermifugés au cours des 6 mois précédent l'étude, mais ne montraient aucun signe clinique de parasitisme.
15 juments de 2 à 22 ans ont été sélectionnées sur la base du nombre d'oeufs trouvés dans leurs crottins par coprologie (> 200 œufs) et réparties en trois groupes de 5 chevaux.
- FG : groupe recevant 40g d'ail frais écrasé 1x/jour pendant 15 jours.
- DG : groupe recevant 40g de flocons d'ail sec du commerce 1x/jour pendant 15 jours.
- C : groupe témoin non traité.
La durée de 15 jours a été déterminée grâce à ce qui est pratiqué communément sur le terrain par les éleveurs de manière globale.
Les chevaux ont reçu tous les matins entre 7h et 8h leur mélange de 40g d'ail et 400g d'avoine.
Pendant la durée de l'étude, les juments vivaient ensembles en groupe dans un pré de 1 hectare et avaient de l'eau à volonté, du foin, ainsi qu'une supplémentation d'avoine.
Des coprologies ont été effectuées deux semaines après l'administration de l'ail, mais le nombre d'œufs trouvés a montré l'échec de l'ail à réduire l'excrétion d'oeufs de strongles, car il n'y avait pas de différence significative entre les résultats du groupe témoin et des deux groupes testés.
Les valeurs de numération des globules rouges étaient normales pendant toute la durée d'administration.
Les deux constats :
- L'administration orale d'ail n'a aucun effet sur la réduction de l'excrétion d'œufs des strongles.
- L'ail sur une période de 15 jours à raison de 40g/jour n'est pas responsable de changements hématologiques chez les chevaux.
Chez les ânes Sutton et Haik ont administré oralement une tête d'ail bouillie dans 300ml d'eau, mais les résultats ont montré que l'ail n'était pas efficace pour lutter contre les strongles. Toutefois, il faut souligner que l'instabilité de l'allicine fait qu'elle a probablement été détruite par l'ébullition.
A noter que chez les chiens, l'ail a une toxicité aiguë en raison de ses composés souffrés. Chez les chevaux, une administration chronique d'ail avec une posologie croissante progressive de 0,05 à 0,25 g/kg deux fois par jour pendant 71 jours (soit un peu plus de 2 mois), provoque une anémie en raison d'un effet oxydatif sur les érythrocytes, comme chez les chiens.
Source : Buono, F., Pacifico, L., Piantedosi, D., Sgroi, G., Neola, B., Roncoroni, C., ... & Veneziano, V. (2019). Preliminary observations of the effect of garlic on egg shedding in horses naturally infected by intestinal strongyles. Journal of Equine Veterinary Science, 72, 79-83.
Source : Sutton, G. A., & Haik, R. (1999). Efficacy of garlic as an anthelmintic in donkeys. Israel Journal of Veterinary Medicine, 54, 23-27.
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