L'odorat dans le choix des huiles essentielles
- Hélène Ralda

- 22 nov. 2018
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2023
Les chevaux ont un odorat très développé, c'est pourquoi il parait logique d'utiliser ce sens afin de nous guider dans le choix des huiles essentielles utilisées pour leur bien-être.
Cependant, si cette technique est conseillée et particulièrement interessante pour les pathologies mentales, le grand public (à comprendre, personnes non-professionnelles en aromathérapie), ou les personnes incluant des HE dans leur pratique de manipulation bien-être (massage, bodywork, ostéopathie), cela ne doit pas être utilisé comme seul "outil diagnostic" afin de définir quelle huile(s) essentielle(s) choisir afin de traiter une pathologie physique (mycose, bactérie, virus, etc).
Ne confondons pas olfactothérapie et soin des pathologie physiques par les huiles essentielles.
LE CHOIX PAR L'ODORAT :
C’est une pratique de plus en plus répandue que je trouve extrêmement intéressante pour le cheval. En effet, on dit (et j’en suis intimement convaincue) que les chevaux ont un savoir intuitif profond sur les plantes, et savent ce dont ils ont besoin ou pas. Un peu comme nous, quand on s'écoute !
On part donc du principe que quand on fait sentir une huile essentielle à un cheval, si celui-ci réagit positivement (flehmen, machouillement, lèchouillement, etc), alors il a besoin de cette huile essentielle, ou tout du moins, elle lui fera du bien.
On dit d'ailleurs que si le cheval sent avec le naseau droit, il en aura besoin sur le plan émotionnel, contrairement au naseau gauche qui est en lien avec le physique.

HUILES ESSENTIELLES, PHEROMONES & FLEHMEN :

On parle souvent de flehmen comme réaction positive aux huiles essentielles. Le flemhen permet de faire entrer de l'air dans l'organe voméro-nasal du cheval afin d'analyser les odeurs, plus particulièrement les phéromones.
Or, on sait que les phéromones peuvent être des aldéhydes, des esters, des cétones ou d'autres composées...en d'autres termes, des substances souvent présentes dans les huiles essentielles (même à une dose infime) ! On soupçonne d'ailleurs les familles des sesquiterpènes et des sesquitepénols d'avoir une action semblable aux phéromones de par leur action sur l'hypophyse, le système endocrinien et les hormones sexuelles. On peut donc en conclure qu'il est possible que certains chevaux réagissent avec un flehmen quand ils sont exposés à certaines huiles essentielles uniquement par réflexe, du à l'exposition à des substances chimiques phéromone-like.
Dans ce cas, le flehmen ne signifiera pas que le cheval apprécie ou a besoin de l'huile essentielle qui lui est présentée, simplement qu'il analyse sa composition chimique.
LA REACTION DU CHEVAL COMME SEUL OUTIL DIAGNOSTIC ?
Clairement : NON.
Les expériences que j’ai pu faire avec cette approche m’ont montré qu’elle peut être biaisée.
En plus de le réflexion à propos des phéromones expliquée ci-dessus, un cheval très introverti peut parfaitement ne montrer aucun signe d’intérêt ou de désintérêt face à des huiles essentielles, malgré le fait que certaines pourraient lui être bénéfiques. De par son caractère il ne va pas oser s'exprimer devant l'humain (ce qui est tout à son honneur !).
Au contraire, il se peut qu'il réagisse tout le temps à la même huile car elle résonne en lui, pas forcément car il en a besoin physiquement ou mentalement, cela lui fait juste du bien (ce qui est déjà une bonne raison de l'utiliser en-soi pour un massage par exemple) !
Un peu comme nous quand prend du plaisir à sentir l'odeur de l'essence quand on fait le plein de la voiture...crois-moi, même si tu aimes l'odeur ça ne te fait pas du bien de la sentir. On peut aussi prendre les exemples moins extrêmes de l'odeur du bord de mer, ou des foins récemment coupés. On aime profondément ces odeurs, on voudrait que ça sente tout le temps comme ça, ce n'est pas pour autant qu'on en a fondamentalement besoin sur un plan physique (psychique, peu-être !).

J'ai aussi rencontré des chevaux ayant appris le flehmen sur demande, ou le faisant dès que quelque chose est présenté devant leur nez (même si c'est une bouteille d'HE) : cela fausse donc complètement notre interprétation, sa réaction devient un réflexe et pas outil de diagnostic.
Le cheval n’a d’ailleurs pas besoin d’être introverti pour ne pas réagir. Si je prends le cas de ma jument, il y a quelques années, face à une mycose, j’ai décidé d’opter pour de l’HE de tea-tree. Quand je lui ai présenté l’huile elle a eu une petite réaction d’intérêt, j’en ai donc fait un baume. Après une semaine d’utilisation, aucune évolution (voir même une évolution négative !) j’ai donc décidé de tester d’autres huiles.
Quand je les lui ai fait sentir, aucune réaction…j’ai donc sorti mon pendule qui lui, m’a clairement indiqué l'huile essentielle de palmarosa. Rebelote, j’ai refait un baume et après une semaine d’application, diminution nette de la mycose ! Pourtant, si je m’étais uniquement fiée à sa réaction, je ne l’aurais jamais utilisée…
Comme me dit mon compagnon, parfois on n'aime pas l'odeur d'une huile essentielle alors qu'elle aura une action extrêmement bénéfique pour notre pathologie. Pour moi, c'est le Laurier Noble ! La seule, parmi tous mes essais, qui agisse efficacement sur mes aphtes...pourtant, je n'aime pas du tout son odeur. Il est d'ailleurs important de souligner le fait que la répulsion d'une odeur (ou d'un gout, d'une température, etc), le fait de ne pas la supporter, est en-soi, aussi le symptôme d'un déséquilibre (à méditer...mais ce n'est pas le sujet ici).
CONCLUSION :

Je t'invite à lire mon article à propos de l'élaboration d'un protocole en herboristerie qui parle des différentes techniques que j'utilise afin de choisir les plantes (sous toutes leurs formes : HE, TM, plante sèche, etc) pour une pathologie à traiter. Personnellement je considère l'utilisation de l'odorat comme un outil à utiliser parmi d'autres, surtout si c'est afin de cibler une pathologie physique.
Je pense que la technique par olfaction est un moyen efficace et sécuritaire de choisir les huiles essentielles à utiliser pour soutenir des thérapies manuelles (ex : massage), étant donné que ce sera un plus pour le bien-être du cheval. Il me semble donc cohérent que dans cette pratique précise, on choisisse de mettre sur le cheval une HE qui lui plaise olfactivement parlant, et lui procure du bien-être (personnellement, je ne voudrais pas qu'on m'enduise d'une odeur de laurier noble pendant un massage !).
Cependant, faire sentir l’huile est un outil, un indicateur très intéressant, mais qu’a lui seul il n’est pas à 100% fiable surtout quand on souhaite traiter une pathologie physique : maladie de lyme, infection urinaire, bactérie (multi-résistante ou pas), mycoses, etc.
Dans cette nouvelle approche de plus en plus répandue qui vise à se fier uniquement aux réactions du cheval pour cibler une huile essentielle à utiliser je dirais : méfiance !
Ne confondons pas l'olfactothérapie phsycho-émotionelle et le traitement des pathologies physiques (ce qui est souvent mis dans le même panier, surtout dans les articles que j'ai pu lire dernièrement). Si votre cheval ne réagit pas à l'huile essentielle d'Hélichryse italienne, ce n'est pas qu'il n'en aura pas besoin pour l'aider à résorber son énorme hématome sur le poitrail, c'est juste qu'elle ne lui évoque rien dans la sphère psycho-émotionelle...
Voici l'article sur l'olfactothérapie - lien ICI - pour que tu puisse découvrir cette magnifique approche.
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