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Gestion parasitaire - la vermifugation séléctive

Dernière mise à jour : 8 avr. 2023


Le vermifuge est un acte banalisé, devenu presque « routinier » quand on a un cheval…il est (malheureusement) devenu normal de donner un vermifuge chimique quatre fois par an pour éliminer les vers potentiels de nos chevaux.

Ce genre de pratique favorise la résistance des vers, met à mal le système immunitaire, la flore intestinale et encombre l'organisme de nos équidés, sans parler de la pollution engendrée pour l’écosystème.

Heureusement, les mentalités changent peu à peu et il devient de plus en plus commun de faire une coprologie (analyse de crottin) afin de voir si un cheval a des vers, et si il est infesté, avec quelle molécule chimique le traiter (ben ouais, tu prends pas automatiquement un traitement contre la grippe en hiver et contre le rhume des foins au printemps alors que tu vas super bien !).


COPROLOGIE, COMMENT CA FONCTIONNE ?

C’est assez simple !

Il suffit de prélever des morceaux de différents crottins frais de votre cheval (au total l’équivalent de deux balles de ping-pong, idéalement issues de 4-5 crottins différents), les mettre dans un petit sachet ou un gant en plastique (type chirurgical) bien noué sur lequel on écrit le nom du cheval, et on l’envoie par la poste en courrier prioritaire (plus vite il arrive, meilleure est la conservation).


Si il n’est pas possible d’envoyer l’échantillon le jour du prélèvement, conservez-le dans une cave ou un frigo.


Une fois arrivé au laboratoire, ce dernier va être analysé. On va s'en servir pour compter le nombre d’œufs par crottins et ainsi estimer le nombre et le type de parasites présents dans le cheval afin d’adapter, si il y a besoin d’un traitement chimique, la molécule à choisir. Il est important de souligner qu’il existe plusieurs méthodes pour analyser les crottins qui permettent de détecter différents types de parasites (je te laisse cliquer ici pour découvrir certaines techniques utilisées chez Animal Diagnostic).


Attention, certains vers comme le ténia ne sont que difficilement détectables à la coprologie étant donner qu’ils excrètent leurs œufs de manière intermittente. N’hésitez pas à contacter le laboratoire d’analyse à ce propos.


POURQUOI PARLER DE COPROLOGIE "SELECTIVE" ?


Beaucoup seront peut-être étonnés de savoir que dans un même troupeau un cheval peut être extrêmement infesté et pas les autres ! D’après le site animaldiagnostic.ch qui pratique les coprologies de mes chevaux :



« Il a été démontré que la charge parasitaire est concentrée sur seulement 10 à 20 % des chevaux dans une exploitation et ce sont ces animaux qui sont responsable de la dispersion des parasites dans les pâturages. »


De plus, les vers ne sont pas aussi prévisibles que les saisons…le mythe de donner un vermifuge par saison (donc, 4 fois par an) a certes son origine à cause du cycle de vie du parasite, mais il est étonnant de voir que dans la réalité, les chevaux ont (très) rarement une infestation de 2 ou 3 vers différents durant l’année.


Le terme de vermifugation sélective signifie que l’on va cibler quel cheval vermifuger et avec quelle molécule. Au lieu de procéder à l’aveugle en analysant deux ou trois crottins ramassés dans un pré et d’administrer un vermifuge à tous les individus si les résultats montrent qu’il y a des vers, on va envoyer un échantillon de crottin par individu et vermifuger uniquement ceux qui sont infestés.


A la longue, on apprend à connaitre nos chevaux et à savoir quel individu aura des vers et sur quel individu on fera l’impasse dans l’envoi de crottin car il n’a jamais de vers. Cela permettra aussi de mettre en place un travail en préventif sur certains chevaux afin qu’ils se régulent seul.


« C’est bien gentil tout ça ! Mais envoyer plusieurs crottins à analyser quand on n’a pas qu’un seul cheval, ça coute cher ! »


Eh oui, l’argent, toujours ce cher ami qui pose problème…mais concrètement, quand on additionne l’impact environnemental, financier et sanitaire de la vermifugation systématique à l’aveugle, le calcul est vite fait. Si on compare le prix d’un vermifuge et celui d’une coprologie, cette dernière est moins chère (de quelques francs ou euros, mais c’est non-négligeable), et sachant que beaucoup de chevaux n’auront pas besoin de vermifuge derrière, finalement, on économise. De plus, si vous avez plusieurs chevaux n’hésitez pas à contacter les laboratoires afin de voir si il est possible d’avoir un prix de groupe ! Et si vous n’avez qu’un ou deux équidés, rien ne vous empêche de demander à partir de combien d'animaux il y aurait un tarif avantageux et d’en parler aux autres propriétaires de l’écurie afin d’organiser des envois groupés.

EXEMPLE ; KYWANNE ET LES VERS, UN COMBAT QUOTIDIEN :

Les vermifuges à l'aveugle mal utilisés ? J’en ai moi-même payé les frais. Après presque une année d’errance médicale avec ma jument qui perdait du poids sans explication, il s’est avéré qu’elle était infestée de petits strongles enkystés.

Voici deux photos pour illustrer son inquiétante perte de poids inexplicabl

Le premier vétérinaire sur son cas m’a prescrit de lui donner le même vermifuge tous les mois. En d’autres termes, de lui administrer exactement la même molécule chaque mois à la suite, sans aucune coprologie préalable ni post-vermifuge afin de tester la résistance ou la présence des vers. Moi, ayant confiance en mon vétérinaire qui savait forcément mieux que moi quoi faire (et victime de la pression sociale et du dicton "fais confiance à ton vétérinaire, il sait ce qu'il faut faire mieux que quiconque"), j’ai suivi ce « protocole ». Résultat, ayant une jument immunodépressive (donnée absolument pas prise en compte par mon vétérinaire de l’époque alors qu’elle était, je m’en rendrai compte plus tard, essentielle) je me suis retrouvée avec un squelette sur pattes, avec une flore intestinale totalement détruite, sans aucun conseil sur les moyen de drainer les émonctoires surchargés (drainer les quoi ? ça non plus je ne connaissais pas à l’époque…) de ma jument et avec comme seul commentaire « donnez du grain pour qu’elle reprenne du poids ! » (ou, en d’autres termes, comment faire déborder un organisme déjà surchargé)...

Bref, en tant que propriétaire démunie et face à l'inefficacité du traitement, j’ai été obligée de remettre en question les connaissances de mon vétérinaire en la matière et de changer de professionnel.

Heureusement, j’ai eu la chance de faire la connaissance du laboratoire Animal Diagnostic proposant des coprologies en Suisse, ce qui a totalement changé mon approche de traitement. Conjointement avec un nouveau vétérinaire et au vu du résultat du laboratoire, nous avons mis un place un protocole de verimifugation de 5 jours consécutifs afin d'éliminer tous les petits strongles enkystés.

A savoir que durant une semaine elle a littéralement « chié des petits strongles » :


Depuis cette époque, grâce à l’analyse de crottin avant et après vermifuge, nous avons pu diminuer le nombre de traitements ainsi qu’augmenté le seuil de tolérance de ma jument les face aux vers.

Ici, ma jument avec son poids "normal" une fois ses problèmes de vers résolus :


AVOIR DES VERS, C’EST NORMAL !

Eh oui, les chevaux ont des vers c’est une réalité, et contrairement à ce que l’on pense, la plupart vivent en symbiose avec eux. Un cheval en bonne santé physique et mentale est sensé se réguler seul et gérer son taux d’infestation parasitaire sans aide chimique. Malheureusement, avec le surpâturage actuel de nos prés et une vermifugation trop banalisée et mal utilisée qui crée des résistances, il est de plus en plus commun de souffrir d’infestation parasitaire….mais c’est la faute de l’homme, pas des vers ! Le problème avec les vermifuges chimiques fréquents, c’est qu’ils détruisent la flore intestinale, or avec une flore endommagée, le système immunitaire en prend un coup, et l’organisme se surcharge de déchets chimiques qu’il n’arrive pas à éliminer seul. C’est le début du cercle vicieux.

Pour le cheval, il est plus difficile de se défendre face à une nouvelle infestation et on tombe dans la symptomatique classique : perte d’appétit, perte de poids, apathie, ventre qui gonfle, etc. Pourtant, le taux de vers présent n’est pas énorme ! Ils sont juste dans un cheval qui n’a plus la capacité de se réguler seul.


Si je reprends (encore) le cas de Kywanne, lors de ses premières coprologies, elle devenait symptomatique avec à peine 600EpG. Actuellement à presque 3000EpG elle se porte très bien et ne montre aucun symptôme d’infestation parasitaire ! Cela montre que son seuil de tolérance a augmenté (en plus de cela, les vermifuges ont pu s’espacer de 4 fois par an à 2 fois)…maintenant il ne reste plus qu’à travailler en préventif afin qu’elle arrive à réguler seule sa population de vers.

LE VENTRE, NOTRE DEUXIEME CERVEAU :

On en parle pas vraiment, mais l’état mental du cheval et sa place dans un troupeau sont en relation étroite avec les vers.


Il y a un lien de cause à effet entre la place dans le troupeau et l’infestation parasitaire ! Si on s’accorde aujourd’hui pour dire que le ventre est notre cerveau émotionnel, il n’est pas étonnant de voir que les problématiques touchant cette sphère sont étroitement liées à notre mental, et on comprend mieux pourquoi un cheval soumis dans un troupeau ou de nature très angoissée et toujours sur ses gardes, mène une vie émotionnellement très éprouvante et est souvent sujet aux vers (ou plutôt, n'arrive pas à se réguler ou a les tolérer seul). Les chevaux vivant en box et ayant une vie extrêmement stressante de par le manque de contact avec leurs congénères, peuvent eux aussi être touchés par l’infestation parasitaire chronique, bien que cela soit plus rare. Ils sont en général seul face à leur foin (ils ont directement accès à une alimentation de qualité), n’ont pas besoin de brouter les refus des autres chevaux et les crottins sont, normalement, enlevés tous les jours. Cependant leur état mental va tout de même influencer leur ventre, ce qui pour moi, rend peu étonnant le fait de rencontrer plus de coliques chez les chevaux en box plutôt qu'en troupeau (mais la n'est pas le sujet !).


Face à un cheval sensible au parasitisme interne, il est donc cohérent de remettre en question son bien-être mental et, si c’est possible, de supprimer la cause de son stress en modifiant ses conditions de vie (changement de troupeau, accès à l’extérieur, etc) et en l’aidant par les plantes : Elixirs floraux (du Dr Bach par exemple), huiles essentielles, eaux florales, plantes sèches ou fraiches, tisanes, etc.


COMMENT EVITER LE CHIMIQUE :

Déjà, par un geste simple, faire une coprologie avant d’administrer un vermifuge. Il est étonnant de voir le nombre de chevaux vermifugés 4x par an alors qu’ils n’ont jamais eu de vers ! A cause de cela, on leur surcharge l’organisme pour rien.


Ensuite, si un vermifuge chimique doit être administré, changer de molécule (plusieurs molécules ayant une action sur les mêmes vers) à chaque administration afin d'éviter les résistances et l'accoutumance. Puis aider l’organisme en administrant un drainage hépatorénal et réensemencer la flore intestinale grâce à une cure de pré et pro-biotiques. Ce sont deux gestes faciles à mettre en place, et non-négligeables dans la santé de votre équidé.

Avoir une bonne gestion des pâtures grâce à une rotation fréquente, la présence de plusieurs espèces sur les mêmes terrains (rotation avec des vaches, chèvres, etc) et un nombre de chevaux adapté à l’espace disponible sont des éléments primordiaux. Il serait utopique de croire qu’un travail en préventif via l’alimentation et l’énergétique puisse fonctionner si la première cause d’infestation n’est pas éliminée !


Sur cette photographie on voit bien les zones broutées (indiquées par la flèche) et les énormes zones de refus autour, jonchées d'excréments. Un oeil néophyte y verra un pré encore bien riche en alimentation rempli d'herbe alors qu'en réalité, il ne reste plus rien et il devient urgent de les déplacer ! Ici, les chevaux sont obligés de manger les refus jonchés de crottins (un cheval c'est comme nous, il ne veut pas manger à coté de son caca !), faute d'avoir accès à une herbe adaptée. La conséquence est l'infestation parasitaire

Comme je l’ai évoqué, un travail en préventif est primordial : une bonne flore intestinale, des plantes immunostimulantes, une action vermifuge en phytothérapie afin de prévenir une nouvelle infestation, une santé mentale optimale avec des conditions de vies adaptées à l’individu.

J’insiste tout particulièrement sur ce dernier point car pour beaucoup de propriétaires dont le cheval vit en troupeau à l’année, il va de soi que vivre à l’extérieur avec des congénères suffit à ce qu’il soit « heureux », bien dans sa tête et dans ses sabots. C’est faux. Vivre dehors avec des copains c’est super, mais encore faut-il que notre cheval soit bien intégré et développe des affinités avec ses congénères, ce qui n’est pas toujours le cas. Gardons en tête qu’en captivité, les personnes choisissant de faire vivre leurs chevaux à l’extérieur leur imposent la présence d’autres individus que ce dernier n’a pas choisi, et parfois cela se passe mal. La remise en question du troupeau dans lequel est notre cheval a donc toute son importance.

UN VERMIFUGE NATUREL EFFICACE ?

Malheureusement, à ce jour, je n’ai encore trouvé aucun vermifuge naturel qui soit efficace afin d’éliminer une population de vers déjà présente. Pour l’instant, le travail en préventif reste le plus efficace.



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© 2023 par Hélène Ralda. Créé avec Wix.com

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